Odile Tambou, devant quelques-unes de ses photos. (©La Gazette du Val-d’Oise.)
Elle livre son regard plein de tendresse sur la savane africaine.
Rien ne lui fait plus plaisir que lorsqu’on pense que sa photo d’un œil de buffle est un tableau !
« D’ailleurs, je travaille mes photos comme des tableaux. On me dit parfois, tu n’es pas photographe mais plasticienne », explique Odile Tambou, photographe animalière installée à Herblay (Val-d’Oise).
Diplômée des Beaux-Arts de Paris, Odile Tambou, 49 ans, est passée par les milieux de la publicité et de l’édition, avant de se trouver une passion pour la photographie animalière.
« Au départ, explique-t-elle, je dessinais les animaux à partir des photos des autres, mais on m’a expliqué qu’il y avait des questions de droit, d’autorisations, alors j’ai décidé de faire mes propres photos. »
Et voilà comment quatre ans plus tard, elle s’apprête à publier L’Émotion d’un regard, son premier livre de photos, l’aboutissement de plusieurs années de recherche et d’observations sur le terrain.
Il y a la technique, la chance aussi, mais la première qualité du photographe animalier (un milieu où il y a encore très peu de femmes), outre d’avoir du courage physique quand il s’agit de monter sur le toit de la Jeep ou d’en descendre pour mieux shooter des hippopotames dans l’eau, c’est la patience !
Rangers et Masaïs
Accompagnée de Rangers et/ou de Masaïs, qui lui trouvent les meilleurs coins hors piste, loin des circuits traditionnels, il lui faut souvent attendre des heures que sa majesté le lion se réveille, que le crocodile ouvre sa longue mâchoire, ou que maman léopard et ses petits descendent des branches de leur arbre.
Armée de son seul Nikon D500 et de ses très longs objectifs (500 à 600 mm), elle immortalise l’instant. L’appareil est silencieux. On est sur un territoire hostile !
« La très longue focale permet de ne pas déranger l’animal afin de garder le côté émotion et instantanéité. C’est ce que je veux faire ressortir », explique Odile Tambou qui travaille en numérique mais uniquement en noir et blanc. « Je ne veux pas déranger l’animal car il y a toujours le risque que s’il nous charge, notre guide lui tire dessus. Ça, je ne peux pas le concevoir ».
Du Zimbabwe au Botswana, du Kenya à l’Afrique du Sud, la photographe s’immerge dans la faune. « La nuit dans le camp, quand on dort au milieu de la savane, on entend des bruits, les animaux s’approchent, se frottent. Il est hors de question de sortir ! »
L’aube, c’est le meilleur moment pour aller à leur recherche et tenter de saisir « les émotions profondes transmises par le regard de l’animal, brutal et rempli d’émotion ! »
Et à faire aussi ressortir son « humanité ». Car le livre se veut aussi politique. « L’homme se croit supérieur. On est tous de passage. 60 % de la faune sauvage dans le monde a disparu en quarante ans selon le Wwf, et si ça continue, dans cinquante ans, il n’y en aura quasiment plus, à cause du braconnage et de la disparition de leurs territoires ».
De ses quatre années de travail, elle a tiré 5 000 photos, « dont 200 que j’exploite. Pour mon livre j’en ai sélectionné 179 ». Un format 21cm sur 30 avec très peu de textes.
Au domicile d’Odile Tambou, les murs sont investis de ses photos,. Le tirage le plus grand est celui d’un lion blanc.
« La première fois que j’ai fait la rencontre d’un lion dans la savane, au Zimbabwe, ce fut un des plus beaux moments de ma vie, j’étais remplie de frissons », confie-t-elle.
Un cadrage atypique, un noir et blanc contrasté, l’émotion saisie au bon moment font la singularité de son travail, repéré lors du dernier Salon de la Photo à Paris où l’idée du livre est née.
Souscription sur la plate-forme Ulule.com
Pour ce premier ouvrage de 96 pages dont la sortie est prévue en février 2019, Odile Tambou a choisi une fabrication haut de gamme : couverture rigide, qualité du papier labellisé Fsc (papier recyclé) et imprimeur choisi avec soin (Escourbiac, spécialiste du livre d’art), « un des meilleurs de France », selon Odile Tambou. Prix public : 40 €, prix en souscription : 35 € (à voir sur la plate-forme Ulule).
À la rencontre des grands singes en 2020
En 2020, Odile Tambou ira à la rencontre des grands singes, gorilles, chimpanzés, orangs-outans, au Rwanda et en Ouganda. « Un voyage que je rêve de faire ». Et peut-être un autre livre en perspective.
www.odile-tambou.com ; facebook.com/odiletambou/ instagram.com/otm95/